24H DU MANS – KEVIN ESTRE : « J’AVAIS PEUR QUE LA MARCHE SOIT UN PEU TROP HAUTE »

Reconnu comme l’un des meilleurs pilotes de GT au monde, vainqueur de sa catégorie au Mans en 2018, le pilote français nous raconte ses premiers pas au volant d’une Hypercar ; la Porsche 963.

Comment s’est passée cette transition entre le monde du GT et le LMDh ?

Ma première fois dans la 963, c’était en janvier 2022. En tant que spécialiste du GT, j’appréhendais un peu ce moment. J’avais peur que la marche soit un peu trop haute en matière de pilotage. Au final, je me suis senti assez bien très rapidement au volant, même s’il a fallu que je travaille. Sans hybridation, une 911 se pilote essentiellement à l’expérience. Mais là, il faut une bonne connaissance technique de la voiture, comprendre par exemple le fonctionnement du brake-by-wire (sans liaison mécanique entre la pédale et les freins pour faire court, ndlr), de la récupération d’énergie…

Cela veut-il dire s’appuyer d’avantage sur son ingénieur voiture ?

Pas nécessairement. C’est un travail collectif avec le pilote. Les ingénieurs ont assez peu de visibilité sur les paramètres que nous pouvons modifier en piste depuis le volant de la voiture. Nous devons donc savoir précisément sur quoi nous agissons même si nous pouvons être aidés à distance via la radio. Ce qui multiplie les échanges avec le box.

Avez-vous dû vous mettre au niveau physiquement ?

La position de conduite est complètement différente, beaucoup plus allongée. La 963 ressemble un peu à une monoplace de ce point de vue. Je m’y suis accommodé en faisant plus de gainage. Nous prenons aussi plus de “g”. J’ai dû travailler la musculature du cou. La force dans les jambes est en revanche moins cruciale car finalement, l’effort exigé sur la pédale de frein est moins important dans une LMDh que dans une GT grâce au système carbone.

Et mentalement ?

C’est sûr, la charge mentale est plus importante. Il y a déjà la pression d’être en catégorie reine, d’avoir tous les regards braqués sur vous. Et puis la 963 est une nouvelle voiture, hybride qui plus est, donc d’un fonctionnement plus complexe.

Vous participiez encore aux 24 Heures du Nürburging il y a quelques jours. Qu’avez-vous éprouvé en reprenant le volant d’une GT ?

La plus grosse différence en remontant dans la 911 GT3 R vient du moteur. Surtout au Nürburgring où la bride est la plus restrictive. Quand on retire le pit limiter en sortie de voie des stands, il ne se passe pas grand-chose (rires). Mais ça reste une voiture fantastique et la Nordschleife, c’est tellement à part, que je n’éprouve pas moins de plaisir à rouler. Là-bas en tout cas.

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