FIAT TIPO CROSS SW: UN BREAK-SUV à VOCATION POPULAIRE... TROP CHER

ESSAI AUTO DU WEEK-END. Ce modèle sans prétentions, produit en Turquie, se veut un break-SUV compact  abordable et polyvalent. Habitable, fonctionnel et sans gros défaut, il pourrait séduire, avec son moteur hybridé et sa boîte à double embrayage. Hélas, Fiat le vend plus cher qu'une Peugeot 308 ou une Ford Focus... autrement modernes.

Oui, c’est sûr, elle n’est pas de première jeunesse. La Tipo actuelle a vu le jour en 2015 et reçu un léger restylage fin 2020. Très vieille par rapport aux  cycles actuels ! Mais Fiat n’en a cure. Son but : profiter des bas coûts de production en Turquie où elle est produite, pour proposer une solution alternative simple et économique aux compactes Peugeot 308, Opel Astra, Ford Focus, Volkswagen Golf. Mieux, grâce à sa fonctionnalité, le break SW s’adresse à ceux qui ont besoin de place.  Sans trop dépenser. Avec ses 550 dm3, le compartiment arrière offre effectivement une surface de chargement géométrique plutôt généreuse. Dans ces conditions, le concept se défend. Pourquoi ne pas s’y intéresser, même si cette Tipo SW arrive en fin de carrière et apparaît démodée par rapport aux plus proches rivales ?

En la rehaussant et l’affublant de protections en plastique, la firme turinoise a même réussi à faire passer (presque) la version baptisée Cross pour un… SUV. Un tour de passe-passe ingénieux. Le résultat n’est pas dénué d’attractivité.  Surtout en orange ou rouge (couleur de notre modèle d’essai). Et, pour moderniser mécaniquement son auto, la firme transalpine l’a équipée du moteur 1,5 turbo à hybridation légère 48 volts, qui équipe la 500X, les Jeep Renegade et Compass ou l’Alfa Romeo Tonale. Avec boîte à double embrayage en prime.  A la page alors, malgré tout ?

Intérieur triste

Si l’extérieur ne prête pas le flanc à la critique, l’intérieur avoue son âge par sa largeur étriquée et une finition bas de gamme, avec des plastiques luisants et peu agréables au toucher, des sièges rêches. Dommage. Sinon, le dessin de la planche de bord, lui, n’apparaît pas plus vilain que celui des rivales "modernes". Tout est en plus à portée de main, facile à utiliser. On apprécie ce côté à l’ancienne, quand les voitures n’étaient pas des ordinateurs roulants où tout tourne autour de l’écran central ! On n’a pas besoin ici de subir les bips-bips infernaux des rivales récentes. L’équipement reste suffisant avec juste ce qu’il faut.

A la notable exception du… GPS. Un manque, lui, inexcusable. On déplorera aussi l’uniformité noire, très triste, de cet habitacle. Pour une Transalpine, cette absence de gaieté digne d’une Asiatique détonne. Mais on se console en étant bien assis, avec une position de conduite pas fatigante du tout sur long trajet. En revanche, pourquoi la fermeture ou ouverture centralisée des portes met-elle autant de temps ? Impossible ainsi de refermer juste après avoir ouvert. Il faut laisser à la voiture le temps d’enregistrer - longuement - l’opération.

Boîte très lente

Le moteur  de 130 chevaux n’est pas bien nerveux, avec un creux au démarrage marqué. Malgré l’appoint du moteur électrique de 48 volts. Il est couplé avec une boîte à double embrayage elle-même lente. Ce qui gêne surtout,  c’est le laps de temps à chaque montée de rapports. Les accélérations manquent du coup de linéarité, de fluidité. Si l’on n’accompagne pas bien le passage des vitesses à l’accélérateur, attention aux petits à-coups ! C’est évidemment plus acceptable sur un modèle sans prétention comme cette Tipo que sur un Jeep Compass ou une Alfa Romeo Tonale, autrement plus ambitieuses. Il n'empêche. Cela irrite dans les embouteillages urbains démultipliés par la Mairie de Paris ! A allure plus soutenue, le phénomène s’estompe heureusement. Mais, par rapport à la fluidité et la rapidité d’un Pure Tech 1,2 de l’ex-PSA avec la boîte automatique EAT8 ou d’un 1,5 TSi de Volkswagen avec la transmission DSG, Fiat a du retard. Associé à l’ex-PSA au sein de Stellantis, Fiat devrait toutefois proposer à terme des mécaniques françaises…

Ceci dit, la conduite de cette Tipo n’est pas désagréable, surtout sur route. Et on s’habitue à soulager l’accélération au moment des passages de rapports. Sur itinéraire un tant soit peu sinueux, il faut choisir un pilotage manuel des vitesses, afin de disposer d’un minimum de frein moteur. On est, sinon, trop souvent deux rapports trop haut. Car aucun mode Sport n’est prévu. Bref, rien de passionnant ni de rédhibitoire non plus. Critiquons au passage un levier de vitesses aux verrouillages peu précis. Ce qui agace, car, si on rate le positionnement en "D" ou "R", la voiture fait du surplace. La sobriété ne bat aucun record mais se révèle de bon aloi. Nous avons avalé 6,6 litres aux cents en moyenne. On n’est certes pas au niveau d’une Toyota Corolla pleinement hybride (5,2 litres aux cents). Mais ces valeurs sont acceptables pour un véhicule à essence avec un simple appoint de l'électrique.

Confort convenable

Certes, on assiste à des mouvements de caisse en virage. Le train avant n’est pas d’une rigueur folle. Il reste même bien flou à haute vitesse et sensible au vent. Mais ce louvoiement reste limité, heureusement. La direction surprend par son extrême légèreté qui la rend imprécise autour du point milieu. Bref, pas de quoi s’extasier sur un comportement routier daté. Mais rien qui soit dangereux. Malgré des pneus de marque à la réputation médiocre et difficilement acceptables. Signalons que la garde au sol relevée permet d'affronter des chemins, mais secs ! C'est une simple traction avant. Les suspensions demeurent un rien fermes. Une habitude chez Fiat. Mais le confort des trains roulants de la Tipo reste honorable en toutes circonstances. Question confort auditif, nous avons été agréablement surpris par l’absence de grincements et crissements, typiques des Fiat de jadis. La qualité intrinsèque de fabrication a bien progressé. 

En fait, cette Tipo Cross SW pâtit in fine d’un seul gros - énorme - défaut : elle n’est pas bon marché. Loin de là. 34.000 euros, c’est fort cher pour un modèle aussi ancien et dépassé à maints égards. Sérieusement revu à la hausse ces derniers temps, le tarif génère une forte déception. Une version diesel 1,6 Multijet Life Plus coûtait 27.990 euros seulement, il y a un an et demi à peine. Le petit moteur électrique de 48 volts et la boîte à double embrayage ne valent pas ce surcoût. Comment, au sein même de Stellantis, Fiat peut-il justifier un tarif supérieur à celui d’une Peugeot 308 SW ?  On peut se consoler, certes, avec les remises que les concessionnaires consentiront bien volontiers. Il n’empêche. Le prix obère hélas l’intérêt d’un modèle sympathique qui, à 5 ou 6.000 euros de moins, pourrait se justifier par sa praticité et une relative homogénéité.

Prix du modèle essayé : Fiat Tipo SW Cross 1,5 T4 Hybrid BVR7 : 34.000 euros

Puissance du moteur: 130 ch (diesel)

Dimensions: 4,57 m (long) x 1,80 (large) x 1, 55 m (haut)

Qualités: Habitabilité arrière et coffre pratique, polyvalence d’utilisation, ergonomie simple, bonne position de conduite, ligne maintenue à la page, boîte agréable sur route, comportement convenable, confort acceptable, garde au sol relevée pour mauvais chemins

Défauts: Tarif excessif, plastiques bas de gamme, pas de GPStrain avant flou, direction légère, transmission très lente, levier imprécis, pas de mode Sport, pneus de marque inacceptable, retard à l’ouverture-fermeture des portières

Concurrentes : Ford Focus SW Active X Flexifuel 125 Hybrid Powershift : 33.600 euros (avec remise constructeur) ; Peugeot 308 SW Allure Pack 1,2 Pure Tech 130 EAT8 : 33.779 euros ; Toyota Corolla Sports Touring 1,8 Hybride 140 Design : 35.950 euros

Note : 11,5 sur 20

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