DACIA DUSTER EDC 2023: TOUJOURS IMBATTABLE ET SANS CONCURRENCE

ESSAI AUTO DU WEEK-END. Ce Duster est le plus ancien modèle Dacia. Avant une troisième génération en 2024, il s'offre un restylage profond de la face avant, un nouveau logo et des feux arrières modernisés. Ce 4x4 reste une réussite, sans aucun défaut rédhibitoire. Homogène, pratique, simple, rassurant confortable, plaisant et... abordable !

Ce Duster a beau être le plus ancien modèle de Dacia, le dernier à reposer encore sur la plate-forme de l’ancienne Logan, il cartonne toujours autant. Depuis la première mouture de 2010, il a totalisé 3,9 millions de ventes sous les marques Dacia et Renault, dont 2,2 millions sous le seul label roumain. Mais le groupe au losange ne s'endort pas sur ses lauriers. Cette deuxième génération, datant de 2017, vient ainsi de recevoir la nouvelle calandre avec le logo rénové, fait désormais des deux lettres D et C stylisées. Si la nouvelle proue et les feux arrières redessinés sont plutôt harmonieux, nous restons cependant sceptiques sur ces logos qui changent régulièrement. Pas de quoi attirer un client de plus, n’en déplaise aux experts en marketing ! Ce dernier restylage permettra de faire la jointure avec la troisième génération, qui arrivera sur le marché en 2024, sur la base de l'actuelle Renault Clio et de la... petite soeur Dacia Sandero.

Cette identité revue nous donne l’occasion de reprendre le volant de ce vrai 4x4. En effet, des déclinaisons à quatre roues motrices existent toujours. Autant le dire d’emblée : l’actuel Duster reste d’actualité et constitue toujours une super affaire. Avec un quart à un tiers de pièces en moins par rapport à une Renault, plus léger de 300 kilos que les rivaux, il symbolise le savoir-faire exceptionnel de Renault dans les véhicules à bas coûts. Et ce, d’autant que ce n’est en aucun cas un modèle au rabais.

Simple, pratique, plein de bon sens, merci Dacia

On apprécie toujours autant la silhouette carrée de ce baroudeur avec sa garde au sol haute. Voilà un des derniers SUV qui ressemble clairement à un petit tout-terrain, avec les Suzuki Jimny et Vitara. Sympathique avec sa bouille rustique, bien dessiné sans aucune des fioritures en vogue, il possède une sacrée personnalité. A l'intérieur, c'est malheureusement moins séduisant ! Quand on entre dans une Dacia, la première impression se traduit en effet par une certaine déception : claquement de portières au bruit "quincaille", lève-vitres qui grincent (un peu), plastiques très bas de gamme rappelant un peu les Renault des années 1990 - mais sérieusement assemblés -,  univers noir lugubre… Mais la seconde impression, elle, se révèle heureusement beaucoup plus positive. On se réjouit vite de la simplicité des réglages, de la fonctionnalité d’un habitacle spacieux, d’un coffre logeable, de l’excellente accessibilité. C’est simple, pratique, plein de bon sens.

Position de conduite facile à trouver, frein à main (traditionnel) et long levier de vitesses tombant exactement  sous la main, l’ergonomie de ce Duster séduit parce que tout est à portée. Quand on pense à la complexité absurde de presque toutes les marques rivales, aux écrans encombrés de gadgets inutiles, aux assistances bruyantes et insupportables, on se dit que Dacia a tout compris. L’essentiel est là, le superflu banni. Une excellente philosophie, qui nous convient. La navigation se réduit ainsi à sa fonction de base : guider le conducteur, sans obliger à des tâtonnements ou fausses manipulations. En contrepartie, il est vrai, ce GPS se montre très lent !

Notons à ce propos quelques agaceries, tout de même : la vitesse affichée au centre de l’instrumentation en chiffres s’annule à chaque redémarrage. Il faut aller la rechercher avec la molette au volant. Par ailleurs, il est irritant de devoir cliquer sur "Accepter"  en bas de l’écran, au bas d’une page de littérature expliquant qu’il faut respecter le code de la route. Une opération obligatoire avant d'accéder à la navigation. Cette mauvaise idée a été piquée chez l’allié Nissan. En outre, Dacia a cru bon de rajouter un carillon électronique d’accueil à l’ouverture des portières, comme sur les voitures coréennes, qui vrille les tympans. Impossible, hélas, à couper. Si l’on éteint la radio, on ne peut la rallumer au démarrage qu’en cliquant sur "radio" à l’écran, et non à travers le satellite à droite du volant. Incompréhensible. Et pourquoi le recyclage de l'air, qui coupe l'arrivée du flux externe dans les embouteillages, ne dure-t-il que quelques minutes? Mais ce sont il est vrai des pêchés relativement véniels par rapport à tout ce qu’offre le Duster. Notamment un équipement (en version haut de gamme Journey de notre essai) qui ne manque de rien. Bref, malgré l’atmosphère triste - des rivales deux ou trois fois plus chères ne font pas mieux - et des matériaux économiques, le bilan reste ici largement favorable.

Une mécanique plaisante en conduite coulée

La mécanique 1,3 TCe développée avec Mercedes et la boîte à double embrayage d’origine allemande Getrag sont les mêmes que sur les Renault Arkana ou Austral. L'absence de mode Sport et une transmission réglée davantage pour moins consommer que pour une grande vivacité génèrent des accélérations et relances limitées. On cherche même les 150 chevaux. Plus critiquable est le temps de réaction de la boîte. Un défaut déjà constaté d’ailleurs chez Renault et Ford, qui utilise aussi la transmission Getrag. Surtout, il faut apprendre à bien doser l’accélération au passage de la première à la seconde, sans trop brusquer. Sinon, la boîte se comporte comme les anciennes transmissions robotisées à simple embrayage, avec un à-coup marqué. L’agrément reste inférieur à celui des modèles Renault ainsi gréés.

Ceci dit, une fois qu’on a appris à ne pas accélérer inutilement comme un sourd, la douceur générale se révèle de bon aloi. En conduite plutôt coulée, l’ensemble fonctionne très correctement. Avec même alors une douceur bienvenue. Pour plus de dynamisme en montagne ou obtenir davantage de frein moteur avant un virage, il est toujours possible de recourir au rétrogradage manuel. Un régal. Les changements de rapports sont en effet plus efficaces et précis à travers ce bon vieux levier qu'avec les micro-palettes à la mode chez les concurrentes.

La boîte EDC permet de pallier le creux à bas régime et la transmission assez rêche sur les versions à boîte manuelle. Mais, attention, comme sur toutes les transmissions à double embrayage, il faudra compter avec l’usure des disques et un coût élevé de remplacement ! Une vraie boîte automatique est plus fiable sur la durée.  Les consommations sont ici très acceptables, avec une moyenne de 7,5 litres aux cents. C’est étrangement moins que ce que nous avions relevé lors d’un précédent essai (8,1 litres). Rien à redire.

Confortable et apte à s'évader du bitume

La tenue de route ne réservera aucune mauvaise surprise. Certes, haute sur pattes, la voiture se dandine un peu sur ses appuis. La direction très légère, manquant un peu de consistance et de filtration, peut surprendre au début. Mais on prend vite confiance. Et, seuls des spécialistes relèveront l’ancienneté de conception d’un châssis "B Zéro" issu de la Renault Clio II de 1998 ! Très amélioré néanmoins. Ce Duster se tient en fait beaucoup mieux sur l’asphalte qu’on ne le redouterait de prime abord. Le comportement se révèle même une des qualités marquantes de cette Dacia.

Le véhicule pourra aussi aborder mauvaises routes ou chemins creux grâce à sa garde au sol généreuse. Les faibles porte-à-faux sont également propices aux chemins escarpés. Le Duster a été conçu pour la circulation difficile en Roumanie, là où il est fabriqué, et dans les pays émergents. Seules les roues avant sont motrices avec la boîte EDC. Les versions  à quatre roues motrices sont dotées obligatoirement de la transmission manuelle.

Les suspensions souples participent d’un confort satisfaisant. Les pneus à flancs hauts - une rareté hélas aujourd’hui – facilitent la tolérance des trains roulants vis-à-vis des occupants. Les ralentisseurs seront abordés sans appréhension. Merci Dacia. Ce SUV est donc un des plus confortables du marché. Question auditive, c’est évidemment moins bien. Dacia a fait des économies sur les insonorisants. Mais la maîtrise des petits bruits a fait quand même d’énormes progrès par rapports aux premiers Duster.

Nous nous sentons finalement gênés de relever… aussi peu de défauts marquants. Intelligent, pratique, spacieux, rassurant, confortable, plutôt plaisant malgré nos réserves sur le plan mécanique dans cette version TCe 150 EDC, ce Duster est remarquable par son homogénéité. Il offre des prestations globalement satisfaisantes à tous les niveaux. Voilà un formidable travail. Renault sait concocter des voitures abordables. Il est même le seul constructeur à y avoir réussi.

Tarifs en hausse mais toujours imbattables

Ce Duster polyvalent se révèle beaucoup plus plaisant que des rivaux autrement plus onéreux. Même en ne tenant pas compte de son atout tarifaire, il nous apparaîtrait comme l'un des meilleurs SUV de cette taille. Quand on consulte les tarifs, la satisfaction croît encore de plusieurs crans. Même si Dacia a beaucoup augmenté ses prix en deux ans. La gamme démarre désormais à 17.990 euros (11.990 à l’été 2019 !) en version Essential très dépouillée, avec un moteur 1,0 fonctionnant au GPL et une boîte manuelle. Pour accéder à notre motorisation 1,3 TCe 150 avec la boîte EDC, il faut passer au deuxième niveau d’équipement Expression. C’est 23.250 euros, avec radars de recul et climatisation. En version Journey dotée de l’essentiel (navigation, caméra de recul …), le tarif, encore très honnête, atteint 24.600 euros ! Soit 2.300 euros de plus que la version TCe 130 et transmission manuelle.

Il faut cependant ajouter le malus gouvernemental, pseudo-écologique, qui a doublé en un an à 650 euros, rançon de l’absence de sophistication technique ! Les options sont à tarif tout aussi modéré que le prix catalogue : peinture métallisée (550 euros), carte mains libres (250), sièges avant chauffants (très puissants, 200). Les rivaux ne sont pas légion : le Suzuki Vitara est plus cher de 1.540 euros et demeure plus petit. Le vieux Ford Ecosport, beaucoup moins abouti que le Duster, est aussi moins spacieux et se trouve privé de boîte automatique, tout en étant moins puissant. Mais les remises canons pratiquées par Ford le rendent concurrentiel (22.400 euros en version Active). Il faut aussi désormais compter avec le MG ZS, moins cher. Livrable uniquement en boîte manuelle. ce dernier apparaît dangereux. Ajoutons tout de même au crédit de Dacia que les pièces détachées et l’entretien sont réputés abordables. Le véhicule profite en plus de trois ans de garantie ou 100.000 kilomètres. Enfin Dacia jouit de la densité du réseau Renault en France.

Pas étonnant que Dacia triomphe en Europe ! La filiale à bas coûts du groupe au losange est  d’ailleurs devenue la première marque auto "française" sur le Vieux continent en janvier. Pour la première fois. Elle a immatriculé plus… que sa maison-mère Renault, avec 1.284 voitures d’avance. Elle a également doublé Peugeot avec 1.220 unités de plus.  Dacia est la cinquième marque la plus prisée  dans l’Union européenne (+ Grande-Bretagne, Norvège, Suisse).

Prix du modèle d’essai: Dacia Duster 1,3 TCe 150 EDC Journey:  24.600 euros (+650 de malus)

Puissance du moteur: 150 chevaux (essence)

Dimensions: 4,34 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,69 (haut)

Qualités: Polyvalence, fonctionnalité, espace intérieur, ergonomie simple et de bon sens, équipement suffisant (Journey), mécanique plutôt douce, confort, comportement routier satisfaisant, aptitudes en tout-chemin, rapport prestations-coût imbattable, entretien économique, réseau Renault dense en France.

Défauts: Pas de mode Sport, boîte EDC lente,  performances moyennes, intérieur triste et austère, plastiques bas de gamme, carillon d’accueil insupportable, détails irritants

Concurrentes: MG ZS 1,5 VTI-Tech Luxury: 19.490 euros; Ford Ecosport  1,0 Eco Boost 125 Active: 22.400 euros (avec remise); Suzuki Vitara 1,5 Dualjet Hybrid Style: 26.140 euros

Note: 16,5 sur 20

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